lundi 22 septembre 2014

Tes mains tremblent, il est trop tard


 Driiiiiiiiiiiiing !

 La cloche vient de sonner mais votre rang est déjà parti, le professeur vous attendait avant même que le bruit strident qui annonçe la reprise des cours vous déchire les oreilles. En marchant tranquillement vers ta classe tu t'enjoignes au calme, mais tu sais ce qu'il t'attend. Chaque fois, c'est la même chose : tu à appris par cœur, tu serais capable de réciter ton poème les yeux fermés, en tournant sur toi-même, presque à l'envers, même ! Seulement voilà, chez soit ou dans la récréation, c'est toujours plus facile. Rien que devant la porte de ta classe tu sens ton ventre te serrer. La clé vient de s'introduire dans la serrure, "clic", c'est ouvert, tu ne peux plus reculer. En t'asseyant tu répètes en boucle les vers dans ta tête, en y mettant toutes tes tripes, tout ce que tu sais de l'histoire de ces quelques strophes.
Le premier passe, tu l'accompagnes de ta place, tu compatis, tu sais ce que ça fais d'être envoyé là-bas. Pour toi, c'est presque comme si on te jetait en prison pour un crime non commis. Tu déclames le texte doucement, en espérant que si il a besoin d'aide il pensera à se tourner vers toi, parce que sur tes lèvres on pourra toujours lire la réponse. Tu le connais, ton devoir.
Le deuxième passe, il fait quelques petites erreurs, tu te demandes pourquoi c'est une obligation, est-il trop tard pour se faire porter malade ? Sûrement. En attendant, tes camarades enchainent les poèmes devant le tableau, noir comme le désespoir qui t'envahit peu à peu, qui ne laisse dans ton ventre qu'un énorme sac de nœud. Le tic tac de l'horloge vient chatouiller tes oreilles, plus le temps passe, plus ton tour approche, c'est inévitable. Une autre de ces vérités générales que tu aimerais bien oublier. Ta bouche devient sèche, tu pries pour entendre ta libération, mais non, elle ne vient pas, elle ne veut pas venir.
Et puis...

- A toi, mon petit.

Soudain ta respiration s’accélère, ton cœur vient de faire un bond dans ta poitrine, comme pour prendre son élan avant de courir un cent mètre, ses battements se sont accélérés d'une manière frénétique. Tu te lèves, tes membres tremblent déjà mais tu n'y peux rien. Arrivé devant le tableau les regards se posent sur toi, tu les évites. Tu as comme l'impression de suffoquer, tu manques d'air, tu as peur mais tu ne peux rien faire, tu subis, et tu te tais. Tu commences, ta voix part dans les aigües, chevrotant imperceptiblement, mais tu continues vaillamment, tu n'as pas le choix de tout façon. Les mots sortent maintenant saccadés de ta bouche mais tu as presque fini. Tu retiens tes mains pour qu'on ne les voit pas trembler, priant pour ne pas tomber.
Et puis...

- C'était... Pas mal.

C'est fini.
Tu récupères tes affaires et te dirige en chancelant vers ta place, sans même te souvenir que tu y as gagné une note, bonne ou mauvaise. Tes jambes tressautent encore et ne s'arrêtent que de longues minutes plus tard, tu as du mal à analyser la situation. Et puis, finalement, tu penses à regarder ce que cette torture t'as valu. Un sourire discret se dessine sur tes lèvres quand tu parviens à déchiffrer mais en vérité une seule question te préoccupes :"Pourquoi est-ce de pire en pire ?"

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