samedi 31 décembre 2016

Excuse-moi


Excuse-moi pour tout, sans exception. Excuse-moi de pas être à la hauteur, de pas te mériter. Si tu savais comme je m'en veux, de ne pas être digne de toi, de tes attentes. J'aimerais tellement que mes efforts suffisent, que rien ne soit plus fort que ce que je veux te montrer. Excuse-moi d'avoir échoué, d'avoir failli à ma tâche. Je fais pourtant de mon mieux. Excuse-moi de te blesser, je suis pourtant si minuscule, une fourmi, à peine. Je ne devrais peut-être que peser seulement quelques millièmes de grammes dans la balance de ta vie ? Excuse-moi de toutes les fois où je t'ai blessé, de toutes celles qui arrivent. Je te jure, je fais pourtant si attention pour te protéger ! Ce n'est pas suffisant, ça ne le sera jamais. Je n'y arriverai pas et ça me fait peur. Excuse-moi d'avoir peur. 
Excuse-moi, pour tout.

Je suis tellement désolée. 

vendredi 9 décembre 2016

Jugement


Jugé. Sans arrêt. Jugé. Par le policier du coin, par ton boulanger, par tes professeurs, et même pas le facteur. Jugé, sans contexte, sans rapport, sans prise en compte de ta situation. Secoué, retourné, mis à sac comme si tu n'étais rien d'autre qu'un simple objet d'étude. Un rat de laboratoire. Jugé pour tes actes, jugé pour tes paroles. Jugé pour ta manière d'être, pour ton style et ta façon de te tenir. Jugé, sans arrêt, sans répit. Jugé pour un oui, pour un non. Jugé sans même avoir eu la chance de t'expliquer, sans armes pour te défendre, rien que tes larmes amères et salées pour te consoler et t'accompagner dans tes nuits tristes et solitaires. Jugé, jugé, jugé. Jugé pour tes sentiments, jugé pour tes sourires, jugé pour tes pleurs et jugé pour ta colère. Jugé pour tes disputes, jugé pour tes fous rires, jugé jusqu'à ta manière d'aimer. Jugé, jugé, jugé. 

Encaisser. Encaisser jusqu'au point d'exploser. Serrer les poings, fermer les yeux. 
Éviter de donner du matériel aux vautours.

mardi 1 novembre 2016

Je suis un clown triste


Partout des visages pâles, des sourires tristes, des cernes, des bâillements. Sans arrêt des baisses de motivation, des coups de blues, des gestes de colère et d'énervement. Des cries, des pleurs : cachés. Des larmes, des coupures : camouflés. Des trop plein d'émotions sans cesse refoulés. Des rejets, des hurlements comme réponses.

- Ça va ?

Une mine inquiète, un sourire rassurant l'espace d'un instant. De toute manière la personne en face ne peut qu'aller bien, parce que dans ce monde personne n'a le droit d'être triste, personne n'a le droit de lâcher l'affaire. Parce qu'on est arrivé à un stade où se mutiler est moins remarqué que la prise de poids, où se suicider est considéré comme de la lâcheté plutôt que le rejet d'une trop grande cruauté pour une trop belle âme.

- Je suis fatigué.

Et le visage repart de là où il était venu et tu peux te renfermer dans ta tristesse tranquillement, sans personne pour te déranger, songer à tes idées noires et sombrer un peu plus dedans sous les yeux de tous mais pourtant de manière totalement invisible. Tous les soirs, tu pleures, tu cries, tu frappes ton oreiller, tu te mords et te roule en boule. Toutes les nuits tu songes à ta journée passée les yeux fixés sur le plafond à chercher un sommeil réparateur qui n'arrivera jamais. Caché, enfin, tu laisse sortir le flot d'eau continu qui cherchait depuis le jour à sortir de tes yeux. Pourtant, t'es pas mieux ensuite, non. T'en ressors juste tout tremblotant, cherchant de l'affection que tu ne trouveras pas. Mais pleurer ça fatigue alors au moins tes yeux se ferment et tu t'endors. Et quand tu te réveille c'est reparti pour un tour, pour une nouvelle journée. Mais souris, merde, sois fort !

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Ici, on a pas le droit d'être triste, non. Parce que pleurer est un signe de faiblesse, parce que pleurer c'est avouer que ça va tellement pas que tu ne contrôle plus quand ça sort. Parce qu'être triste, c'est ne pas réussir à contrôler sa vie, à gérer ses émotions, c'est ne pas réussir à avancer. Parce que pleurer sous la pression, sous le stress, sous la colère, sous la honte ou sous la peur, c'est pleurer pour rien. Parce que pleurer s'est accepté à condition d'être à un enterrement. Mais t'sais t'as le droit de pleurer, t'as le droit d'avoir peur. T'as le droit de stresser, d'être en manque ou de plus réussir à avancer. T'en as parfaitement le droit et c'est totalement con qu'on te le retire.

Ici, on a pas le droit d'être triste, mais on fait rien pour aider ceux qui le sont. Ici, quand quelqu'un se mutile, c'est de sa faute. Quand quelqu'un devient boulimique, anorexique, c'est de sa faute. Quand quelqu'un se suicide, c'est de sa faute. Ici, quand quelqu'un est triste personne ne vient l'aider, et quand il cherche à en parler personne ne veut l'écouter. Pourtant, après, tout le monde est assez hypocrites pour dire avec un visage d'ange "Mais enfin, il fallait venir en parler, on l'aurait aidé nous !". Mais ferme ta gueule la société, ferme-la putain ! 

dimanche 4 septembre 2016

L'Inconnu

Au loin, il se profile


Arrive un temps où tout change, où ce que tu croyais acquis disparaît et où tu te retrouve à marcher seul dans un tas d'ombre. Au fond, tout au fond, tu aperçois pourtant un rayon de lumière qui te permet de ne pas trébucher trop souvent et de continuer à avancer. C'est l'Inconnu qui te fait signe. Sa tenue sombre et sa capuche qui lui tombe sur la tête font que tu le redoute, que tu le fuis. Tu as peur et tu veux revenir en arrière, repartir dans ce passé si lumineux. Pourtant, le temps te pousse en avant et tu finis par le rejoindre. Alors, de sous son camouflage apparaît un sourire éclatant. Émane de lui une chaleur réconfortante, une lueur douce et agréable qui ne brûle pas, ne fait pas mal et ne laisse aucune trace. Envoûté, tu tends la main, essaye de le saisir. Joueur, il recule alors de quelques pas seulement, t'incite à le rejoindre avec une mine coquine. Tel un papillon prit au piège dans l'éclat d'une lampe, tu le suis. Tu n'as plus aucune crainte, tu es trop obsédé par l'idée de le poursuivre pour prendre le temps de t'inquiéter. L'Inconnu est devenu Connu. Tu l'aime et tu le chéris de tout ton être, de tout ton cœur. Tu as enfin réussi à l'attraper. Tu le serre dans tes bras, t'emplis de ce qu'il dégage. Et, une fois que tu es enfin ressourcé, il disparaît dans un millier de fragments étincelants qui éclairent quelques instants la nuit naissante avant de s'évanouir, remplacé par un tas d'ombres où tu te retrouve seul. 
Au fond, tout au fond, tu aperçois pourtant un rayon de lumière...

samedi 16 juillet 2016

Solidaires

OK apparemment le bail des gens c'est de se tirer dessus, de se déchirer à coups de fusil, de couteau et de camions dans des foules innocentes. Apparemment pour se dédouaner le prétexte idéal serait encore et toujours la religion. Des religions pour lesquelles y a eu des centaines et des centaines de morts depuis des siècles parce qu'après avoir trouvé une excuse, on n'est plus vraiment coupables pas vrai ? D'accord des fous y en a partout mais merde ! Des mômes, des gosses, des petits bous de choux ! Des adolescents, des parents, des retraités... Tout le monde y passe et y a pas de mots pour exprimer à quel point c'est dégueulasse. Bientôt ça sera quoi ? On pourra plus sortir acheter son pain à la boulangerie du coin sans avoir peur d'être descendu sur le chemin ?
Aujourd'hui les ventres sont serrées par la douleur, comprimés par la peur. Les gorges sont serrés, les cœurs battent plus vite et les larmes coulent. Depuis quand sortir le soir est devenu si dangereux ? Depuis quand on ne peut plus aller se balader sans être sur le qui-vive, sans avoir l'impression de marcher sur un terrain miné qui va nous exploser à la gueule au moindre faux pas ? Depuis quand l'expression se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment est devenue une vérité générale utilisable tous les mois pour une catastrophe de plus ? 

Depuis quand le monde est si con ? 
Continuer à croire, continuer à rêver. On reste forts ensemble.

Parce que les autres sont des alliés, pas des ennemis,
Même si ils aimeraient qu'on le croit.


Aimons-nous, après tout, tous unis dans la même merde ♥

mercredi 13 juillet 2016

Inachevé


"Si c'était si facile tout le monde le ferait
Qui te serais pour réussir là où les autres ont échoué"

Marre du passé qui te colle aux basques, de ses gens sans intérêt qui peuvent pas s'empêcher de piétiner ta vie pour se sentir exister, de ses critiques balancées sans réfléchir juste parce que c'est tellement une habitude que s'est devenu impossible de s'en débarrasser. Marre de ses regards jugeurs, haineux, de ses accusations sans fondements et de ses rejets blessants. Marre de voir des gens être bousillés tous les jours à cause de petits cons égocentriques, de putes aux envies d’ascension et de crédules prêt à les suivre jusqu'au bout du monde parce que c'est tellement plus facile d'obéir que de réfléchir.  Envie de me révolter face à ce monde à la recherche de perfection, de cette population de bigleux pas capable de reconnaître les gens à leur juste valeur et les choisissant grâce à leur tour de taille plutôt qu'à la taille de leur générosité.

"Oublie tes rêves prétentieux, redescend sur Terre
Ou tu n'en reviendras jamais"

Facile de parler, facile de se croire meilleur mais vos actes démontrent que vous êtes pas mieux que les autres, que vous avez pas plus de valeur que ceux que vous critiquez. C'est pas parce que t'es un petit gros boutonneux que t'as pas de cœur, c'est pas parce que t'es un grand aux faux airs de brute que t'as pas besoin d'amour. Tout le monde mérite votre respect, tout le monde mérite quelques mots doux qui éveilleraient leur journée. Tout le monde mérite de l'attention, d'être pris sous l'aile de quelqu'un d'attentionné, de bon, qui leur permettrait de grandir, de mûrir, de s'épanouir. Laissez les connards dans leur coin, évitez les injures, vomissez sur leurs grands airs indignés. Vous venger ne les rendra pas meilleurs, restez intègres. Un jour, peut-être, ils comprendront. Ils comprendront que vous tromper c'était pas la bonne option, que balancer votre amitié par la fenêtre pour imiter la pétasse de la classe d'à côté c'était faire preuve de stupidité, que de suivre Hitler en se trouvant un bouc émissaire sur qui tout foutre sur le dos ça fonctionne pas longtemps. 

"Ouais on est tes potes, mais bon tu changes de cap
Tu nous mets sur la touche maintenant que tous ces gens te flattent"

Mais en attendant bouge, te laisse pas démonter. Prouve-leur que t'as plus de valeur qu'eux tous réunis, que t'as plus de cœur encore que la mère au coin de la rue en train de lire une comptine à ses sept enfants. Montre-leur ta rage de vivre, ton envie d'exister. Trop maigre, trop gros ? Mais aux yeux de qui ? Te prive pas de ton goût pour la nourriture pour ressembler à ces gens sur les magazines, garde tes jolies formes, ta capacité à être unique. Te prive pas de ta vision optimiste des choses à cause de toute cette rancœur qui suinte des mots vicieux que les gens assènent à ton passage. Mal dans ta peau ? Sors, va courir à en perdre la tête, à en expulser toute ta rage, toute ta colère, tous les doutes qu'ils t'ont foutu dans la tête. T'es parfait comme t'es, avec tes défauts et tes qualités. 
Je t'aime.

+ https://www.youtube.com/watch?v=KIwHrPHS-4k

dimanche 26 juin 2016

Boule au ventre

Pieds et mains moites


J'en ai mal au ventre de penser à toi, à tes mots durs, à tes silences. J'en peux plus. J'en peux plus d'espérer un signe de ta part à chaque fois que mon portable vibre alors que je me retrouve au final toujours avec ces mêmes séries de pubs plus connes les unes que les autres. J'en peux plus de tes crises de jalousie, de ton passage des rires aux larmes dans le même millième de secondes. J'en peux plus de ton refus de me voir mais de l'autre côté de tes propositions répétées pour qu'on se fasse quelque chose rien que tout les deux. J'en peux plus de ta fierté mal placée, de ta colère qui explose contre tout sauf ce qui l'énerve vraiment et de ton caractère si dur à vivre. J'en peux plus de te voir heureux avec tous les autres sauf moi, de te saisir en flagrant délit de mensonge mais d'avoir tellement peur de tes réactions que je préfère m'aplatir, faire l'autruche et ne rien dire. 

T'es tellement con. 

lundi 23 mai 2016

Danse


La poupée se balançait derrière son fil, courant, sautant, virevoltant d'un bout à l'autre de la scène. Elle semblait voler par-dessus le sol, tenir dans un infime équilibre qu'elle seule pouvait atteindre sans pour autant jamais le rompre, jamais tomber, sans faire jamais un geste de côté, une posture moins gracieuse. Elle s'élançait, légère comme une plume, défiant les lois de la gravité, pour te dessiner un magnifique jeté, pointes tendues. Puis, en équilibre sur la pointe d'un de ses pieds, elle formait avec le reste de son corps une boule enchantée tourbillonnant sur elle-même. Éblouissant jusqu'aux plus vieux par sa maîtrise de la technique et par la beauté de ses gestes, pas un sourire ne s'échappait sur son visage. Un masque de concentration figeait ses traits alors qu'elle comptait.

1, 2, 3, 1 ,2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3..

Elle comptait les temps, elle comptait les gens, elle comptait le nombre de figures faites et le nombre de figures restantes. Elle comptait le nombre d'heures qu'il lui avait fallu pour en arriver là et le nombre d'heures quelle devrait faire pour s'améliorer encore, pour aller toujours plus loin. Elle comptait le nombre de kilos qu'on lui avait demandé de perdre, le nombre de sacrifices qu'elle avait dû faire depuis ses débuts, maintenant si loin.. Elle comptait encore le nombre de jours avant qu'elle puisse se reposer et s'imaginait déjà, jogging enfilé, s'entraîner en secret devant son miroir à effectuer les pas basiques du hip-hop. 

- J'aimerais être danseuse moi aussi, c'est bien comme métier ? 

Une petite main s'était tendue, avait saisi le bras de la marionnette en lui déboîtant à moitié un avant-bras plus osseux qu'autre chose. 

- Danseuse ? Un rat d'opéra ? Mais pour quoi faire ?

Reniflant, la jolie créature avait fini par extérioriser devant une petite fille ébahie la frustration grandissante qu'elle ressentait à être ainsi utilisée. Danseuse ballet, mais quel métier. Toujours plus maigre, toujours plus souple, toujours plus gracieuse, toujours plus grande, toujours plus ceci, toujours plus cela.. Le cercle des revendications ne s'arrêtait jamais. Depuis, son visage s'était creusé, ses traits s'étaient marqués et surtout, son sourire l'avait quitté. Lui, libre, dansait en pensée la zumba, s'éclatait aux côtés de la salsa et partait faire quelques pas de modern jazz quand l'envie lui en prenait. 

- Écoute-moi bien petite.

Son regard perdue aux alentours de nul part semblait vide de vie. Comme si danser lui prenait toute son énergie, comme si le plancher de la scène aspirait la moindre goutte restante de plaisir pour s'en nourrir. Démon, monstre, objet de malheur. 

- Jamais la danse classique, tu m'entends ?

Pauvre petite tête blonde traumatisée par la vue d'un spectacle peu ragoutant. Mais y avait-il un âge pour se rendre compte de certaines réalités ? Ne disait-on pas qu'il fallait tuer l'oiseau dans l’œuf ? A moins qu'on dise "Attendez que celui-ci grandisse, il vous fera des petits"?
Danse de malheur, sport de malheur, sport sujet de tous les clichés, de toutes les contraintes, de toutes les demandes.

- Elle te boufferait.

La réponse était définitive, le ton était sec, les gestes étaient froids. Pourtant, pourtant, la poupée s'était déjà envolée à nouveau et reformait la première figure de sa danse.

1, 2, 3, 1 ,2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3..

jeudi 19 mai 2016

La funambule

http://www.lacartoonerie.com/cartoon/id423227769_dessin-anime-funambule

Sur un fil, je marche sur un fil
Funambule imbécile 
Qui abîme, sa vie fragile


Des fois, t'as l'impression que si tu clignes des yeux ta vie va t'exploser à la figure et tout faire sauter avec elle, tes joies, tes espoirs, tes amis, ta famille, tout. Tu perds l'équilibre, tu tombes et tu tombes et tu tombes sans jamais t'arrêter et c'est effrayant. Alors t'essaies de te rattraper coûte que coûte parce que tu veux pas couler, parce que tu veux pas chuter de ta tour ; mais c'est dur quand y a rien auquel tu peux te raccrocher. Et puis finalement tu plonges, tu t'enfonces dans l'eau comme un canon, lesté de mille et un poids. 
Et puis, sans savoir comment, sans savoir pourquoi, tu retrouves une force que tu ne te savais pas avoir et tu remontes petit à petit, en griffant l'eau, les vagues, la mousse, les coquillages... Tout ce qui t'atteint. Tu le fais pas exprès, non, c'est pas méchant, c'est juste la panique. C'est le retour de l'instinct primaire et de la peur, la panique qui te fait faire n'importe quoi comme le ferait un petit chaton apeuré qu'on essaierait de sauver d'un incendie. 

Et heureusement que y en a, des sauveurs de chatons. 
Parce que sinon, tu serais quoi, toi, aujourd'hui ?

mardi 10 mai 2016

Un avion

Maman, regarde, je vole ! 


<< https://www.youtube.com/watch?v=mYYvnSEV0LA >>

Souvent, quand tu croises un petit garçon ou une petite fille dans la rue, tu peux pas t'empêcher de le regarder en souriant les yeux brillants en te disant qu'un enfant, c'est vraiment trop mignon. Mais pourquoi c'est mignon un gosse ? Pourquoi, lorsque tu vois un ado en train de marcher dans la rue, ça te fait pas cet effet là ? Peut-être parce que l'enfant a toujours cette innocence pure qui brûle dans son corps et émane tout autour de lui, qui transparaît dans son regard et transforme sa vision des choses ; et pas le môme de 17-18 ans. Mais au fait, est-ce lui qui voit le monde tel qu'il est, ou nous ? Perdons-nous, en vieillissant, le "vrai" regard sur le monde ? Serait-il possible que des choses visibles deviennent invisibles en grandissant ? Et pourquoi pas, hein ? 

Le Père Noël, les fées, les licornes, les monstres.. Autant d'êtres mystiques qui venaient illuminer notre sommeil ou ronger nos nuits. Autant d'êtres magiques qui nous faisait rêver les yeux pourtant grands ouverts. Autant d'êtres de cauchemars qui nous terrorisaient, qui nous empêchait de dormir. 
- Maman, t'es sûre qu'il y en a pas dans mon placard ? 
Et sous mon lit, maman, t'as regardé ?
Cette peur irrépressible qui nous clouait en hauteur, nous empêchait de bouger jusqu'à ce que l'on soit assuré que nos pieds ne craignaient rien. Et puis, le soir d'après, le même scénario se répétait et ainsi de suite. Jusqu'à l'arrivée des années. Plus vieux, moins de cauchemars. 
Plus vieux, moins de rêves ? 

Je ne suis pas d'accord avec Rimbaud. On ne naît pas poète parmi la foule, tout le monde est poète. Tout le monde naît avec ce regard rêveur et cette curiosité. Curiosité d'apprendre à marcher, curiosité d'apprendre à parler, curiosité d'apprendre à lire et à écrire, curiosité de découvrir le monde. C'est ensuite que surgissent les différences. Pour certains, cette soif de connaissance s'éteint vite, très vite, trop vite. Pour d'autres, la flammèche devient un feu qui se transforme lui-même en incendie. Peut-être, certes, que tout le monde ne développe pas autant son imagination. Manque d'intérêt pour les livres, pour les films, pour les musiques, pour les autres, pour le monde.. Certes, c'est vrai. Mais au début, chaque bébé est curieux. Chaque nourrisson a envie d'apprendre. Et chaque enfant a des croyances qu'on lui fait perdre par la suite. Mais pourquoi, après tout ? Car les êtres de notre enfance, ceux auxquels on ne croit plus, qu'on n'invoquent plus, qui ne viennent plus nous réconforter... Existent réellement ! Peut-être pas ici exactement, mais dans un ailleurs proche : une autre dimension. J'ai nommé : L'Imagination.

Alors t'es peut-être plus vieux qu'avant, t'as peut-être plus les mêmes envies. T'as sûrement plus les mêmes potes, les mêmes goûts, le même style vestimentaire, les mêmes remarques. La vie t'as peut-être déjà marché dessus, piétinée sans aucun égard, sans même un regard. On t'a sans aucun doute déjà roulé dessus, rendant tes rêves et tes illusions tout plats, noircissant ton regard en y éteignant l'étincelle. Mais c'est à toi de te retrousser les manches maintenant. C'est ta vie, c'est toi qui la commande. Souffle dans tes rêves, regonfle-les. Fais de tes anciennes illusions une réalité. Ouvre toi au monde, à ses richesses, à sa beauté. Rêve. 

Le temps se lève,
Il faut tenter de vivre.

mardi 19 avril 2016

Ça fait bizarre


Ne regarde jamais trop loin dans ton passé
Car tu risquerais d'y voir des choses..

.. Qui n'aurais jamais dues en ressortir


Ça fait bizarre quand tu regarde en arrière, rien que de quelques semaines voir de quelques mois tout au plus, et que tu vois que plus de la moitié des gens qui peuplaient ta vie ont disparu de ton univers. De voir que la plupart de tes habitudes se sont désagrégées dans la fuite du temps et qu'il n'en reste plus qu'un petit tas de cendre, quelque part enfoui dans tes souvenirs. De te remémorer ces chers et tendres paroles dénuées de sens à présent "T'inquiète, je te laisserai jamais tomber" ou encore "Les amis qui se perdent de vue en grandissant ? Encore une autre histoire inventée pour faire peur.. Comme si ça pouvait nous arriver". Pourtant, qu'est-ce qui est le pire ? Se remémorer des beaux moments passés en les regrettant dans un élan de nostalgie, ne jamais les avoir vécu, ou les voir salis par les gestes et les paroles effectués par les "anciens" aujourd'hui ?

Pourtant, ne regrettes jamais ces moments passés, ces personnes rencontrées, ces souvenirs à jamais gravés dans ta mémoire. Il arrive qu'on se rende compte qu'on s'était trompé sur quelqu'un, ou encore qu'un autre change tellement qu'il en devient un inconnu à nos yeux. Mais ce qui compte, c'est pas qu'un jour, tu ne supporte plus x ou y ou que lui-même ne te supporte plus. Ce qui compte c'est pas ce qu'il fait pour te détruire mais ce qu'il a fait pour te rendre plus fort, pour te rendre meilleur. Chaque personne laisse sa marque dans ta vie et tes amis, anciens comme nouveaux, plus que quiconque. Ne laisse jamais quelqu'un salir ta mémoire, cracher sur des éclats de rire. Ne laisse pas les mots apportés par le vent ternir des promesses d'amitié sincères lancées quelque temps auparavant. Car tu as peut-être eu tord d'y croire mais sur le moment elles étaient réelles. Les personnes changent en grandissant, en bien, en mal, mais alors que leur présent leur appartient, leur passé a déjà coulé dans la rivière de l'oubli et quoiqu'ils puissent en dire, quoiqu'ils puissent essayer de faire pour le modifier, il restera inchangé. 

Alors ne te laisse pas déstabiliser et marche serein vers ton avenir, soutenu par ton passé.

jeudi 31 mars 2016

Quelqu'un

Crush par ci, crush par là


- Eh toi là. Oui oui toi. Tu veux pas me rendre mon cœur dis ? Non parce que j'en ai besoin pour vivre un peu tu sais.. Non ? Bon, OK..

T'es tranquille, t'es heureux tout seul avec tes potes, tu souris à la vie, au bonheur, sans jamais te prendre la tête, sans jamais te demander si t'en fais pas trop parce que t'es justement entouré des meilleurs, ceux qui t'acceptent comme tu es et qui sont toujours là pour toi, que tu sois grognon, hyperactif ou juste endormi. Et puis t'as cette personne qui arrive soudain, avec ses yeux, avec cette tête, avec ce sourire si spécial ; et qui te balance un bon gros coup de pied dans l'équilibre fragile que t'avais réussi à instaurer chez toi. 
Boum, assassinat à coup de fossettes. 

Et alors évidemment, après, faut recoller les morceaux. Chose qui s’avérerait facile si Monsieur n'était pas toujours là dans ta tête à dominer ton esprit d'un petit sourire narquois, comme pour te dire "Et oui, c'est pas si facile de m'oublier, moi, madame". Et puis, quitte à te battre contre des fantômes, tu finis par te dire que ça serait peut-être mieux si tu focalisais tes efforts à essayer de te rapprocher de cette personne. Mais toute la problématique réside dans le stratagème tordu de ne pas être repéré. Agir, oui, mais avec subtilité. Parce que ce que tu veux, au final, c'est que ce soit Lui qui vienne te parler. Qu'Il te remarque et qu'Il fasse le premier pas. Rien que si il te demandait l'heure ça t'irait. 
Mais au final, ça ne serait pas plus simple si tout le monde était plus direct ? 

Remarque, est-ce qu'on ne perdrait pas du charme, si on arrêtait tout ce petit manège ?

dimanche 6 mars 2016

Bouge, attend pas que le temps passe

Cours loin devant


Je sais que parfois c'est dur de se dire allez j'avance quand même, malgré les critiques, malgré les reproches, malgré les cris, la colère, la haine, les pleurs, la tristesse, le manque, l'incompréhension, les moqueries et tout le reste. Je sais que parfois on a juste une envie : se rouler en boule dans un coin et rester là des années entières à attendre que le temps passe, à attendre qu'une nouvelle chance nous tombe sur la tête. Je sais aussi que parfois, on se demande pourquoi on subit telle ou telle chose sans avoir rien fait pour mériter un tel châtiment et qu'après, on veut juste se tirer les cheveux, se mordre les poings de rage ou encore frapper dans un oreiller jusqu'à ce que le sommeil vienne.

Pourtant, malgré toutes ces épreuves, malgré tous ses coups durs et ces moments de doutes où tu penses que le mauvais temps ne passera jamais, que la terre entière est contre toi et que c'est impossible que tu puisses repartir dans ce monde là avec une vie aussi joyeuse qu'avant, tu dois avancer. Tu dois relever la tête, sourire, croire en toi et en tes capacités et savoir que si les autres l'ont fait, alors tu le peux aussi. Que tout ce que tu veux réussir tu pourras le réussir parce que tu en as les capacités. Que même lorsque tu ne le vois pas, des anges gardiens veillent sur toi. Que tu as des amis, une famille, ou encore un chien, un chat, un oiseau, une tortue ou que sais-je encore qui t'aimes pour ta juste valeur. Et surtout, surtout, que si tu cours assez vite au-devant tu bonheur, le malheur n'arrivera jamais à tenir le rythme.

Parce que la vie, ce n'est pas attendre que l'orage passe mais apprendre à danser sous la pluie. 

jeudi 3 mars 2016

Tallulah

Tallu.. Quoi ?



<< https://www.youtube.com/watch?v=6QXTV_jPSl4 >>

C'est un soir comme il y en a parfois. Tu te sens seul, t'es sous ta couette roulé en boule à fixer un écran de téléphone qui s'allumera pas. Tu te demande pourquoi tout est silencieux d'un coup. Puis tu commences à penser que c'est pas la première fois, que c'est pas la première nuit ; et que ça sera pas la dernière non plus. Y a comme du vide qui s'empare de toi, qui s'engouffre dans ton cœur et alors t'as froid. Vraiment froid. T'es sous tes draps, mais même avec la couverture que tu viens de rajouter tu grelottes. C'est que y a un espèce de brouillard glacé qui vient de s'installer bien confortablement au creux de ton ventre. Tu soupires, parce que c'est pas la première fois, parce que c'est pas la dernière fois, parce que t'as l'habitude mais que t'aimerais bien que ça soit pas le cas. 

Mais c'est pas le pire, et tu sais que c'est pas le pire. Tu connais la suite, le reste de la chanson. C'est comme la petite musique triste que l'on passe dans les moments nostalgiques d'un film : on sait tous qu'elle va arriver à ce moment-là pour rajouter encore une couche de sentiments. Seulement, ta vie, c'est pas un film ; et toi tu te passerais bien de cette petite mélodie pernicieuse qui tourne en boucle dans ta tête depuis des semaines. Chaque soirée c'est la même rengaine, y a du silence, l'attente, puis sa venue. A croire que le jour, quand t'es occupé, elle est juste sur pause ; et qu'à partir du moment où tu fais plus rien y a un bouton qui actionne son réveil. 

Tu te demandes ce que ça ferait si elle était plus là. Et puis tu en viens même à penser qu'au fond y a qu'elle qui reste avec toi alors pourquoi t'essaierai de la chasser ? C'est à ce moment là que les larmes commencent à couler. T'en veux pas, de cette eau sur ton visage. Qu'est-ce qu'il va penser ton oreiller, à être mouillé une fois de plus ? T'essaies d'en rire mais c'est juste un espèce de couinement de souris écrasée qui sort de ta gorge nouée. Alors, seulement, tu commences à te balancer en te berçant doucement, te répétant que ça va aller, que t'es pas seul. Mais t'arrive tellement plus à mentir que t'y crois pas. Et puis, c'est tellement froid dans ta poitrine. Alors que toi,
Tu voudrais juste avoir chaud cette nuit. 



C'est là qu'entre en jeu Tallulah. Tallulah c'est quoi ? C'est le sms du proche qui vient allumer ton visage d'une teinte bleuâtre horrible. Celui-là même qui te fait ressembler à un spectre. Et pourtant, qu'est-ce que tu l'aime ce petit message d'espoir. Tu le chéris avant même de l'ouvrir. Que ce soit Jeanne, Bertrand ou Éric qui te parles tu t'en contrefiches en vérité ; parce que c'est juste la lumière dont t'avais besoin pour te guider jusqu'au bout du chemin. T'en pleurerais presque de joie, si tes yeux n'étaient pas déjà bouffis d'avoir versé autant de larmes. Parce que Tallulah, c'est une main tendue. 
Tallulah, c'est le pote que tu pensais avoir perdu. Tallulah c'est l'amour que tu cherches depuis que la nuit est tombée, c'est la pépite d'or qui te rend riche, c'est une partie de toi. Tallulah c'est tes proches, c'est ceux que t'aimes, ceux qui font en sorte que ton monde soit plus beau. 

Tallulah, c'est celui qui te permet de passer une nuit tranquille. Tu sais bien que demain ça sera pareil, que t'auras encore peur de te coucher pour voir ressurgir les démons de la nuit. Mais pour une fois tu vas pouvoir dormir ; et tout ça grâce à une personne qui se rend même pas compte de ce qu'elle fait. Certainement que tu diras n'importe quoi, qu'elle saura jamais dans quel état t'es et que t'appréhendes le soir qui tombe comme si c'était ton enterrement. Mais ça fait tellement de bien de parler. Parce que t'es plus seul pour un instant, parce que les mots comblent le silence et éteignent la musique. Parce que ça t'a calmé juste assez pour que tu puisses te coucher et fermer tes yeux. 
Parce que ça y est, t'es endormi.

+ https://www.youtube.com/watch?v=4ttfDUPGM0g

jeudi 4 février 2016

Une revenante

C'est con, d'abandonner ce qu'on chérit


Sa tête ressortant à peine derrière le canapé rouge vieillot de la salle à manger, le fantôme Gaspard s'agrippa et se tira vers le haut, ses deux petites mains fermement accrochées à la mousse usée qui tentait de fuir sa housse. Timide, il guettait la fillette blonde qui passait et repassait dans un sens puis dans l'autre en courant. Après tout, pourquoi elle ne pourrait pas être son amie, elle ? Est-ce qu'elle n'était pas parfaite, ses milliers de tâches de rousseur habillant son visage coquin, ses fins cheveux blonds attachés en deux nattes bien serrés et sa longue couverture qu'elle secouait en riant et en hurlant "Bouuuh ! Bouuuh ! Je vais te manger !" ? Malheureusement, Gaspard était beaucoup trop froussard pour oser prendre la parole tout haut. Ainsi, maintenant perché sur l'accoudoir, il fixait toujours les allers-retours de la blondinette avec des yeux gourmands, aussi muet qu'un objet inanimé. Pourtant, le hasard étant bien fait, l'enfant finie par trébucher sur un bord du tapis. Basculant dans le vide, attirée au sol par la gravité terrestre, ses yeux s'ouvrirent grand de stupeur et d'horreur mélangées tandis que sur son visage se peignait une grimace d'effroi. Alors, le petit fantôme qui, depuis le début, attendait patiemment la venue du courage, se jeta en avant et la rattrapa au vol pour la poser délicatement sur le carrelage du salon.
- Tout va bien, tu ne t'ais pas fais mal ? Demanda-t-il de sa voix fluette alors que cheveux d'or se remettait avec peine de ses émotions.
Celle-ci, bouche bée, le scrutait l'air de dire "Mais.. C'est un fantôme !". Pourtant, elle représentait apparemment l'exact opposé de Gaspard car, loin d'avoir peur, une vague d'excitation monta en elle et se nicha dans la moindre particule de son corps. Se levant d'un bond elle se précipita ainsi dans les bras de Gaspard et, le serrant fort contre ses vêtements, elle s'écria :
- Merci de m'avoir empêché de tomber, t'es le meilleur ! 
C'est ainsi que naquit la première histoire d'amitié entre un fantôme et une enfant.