Près
de l'océan, une enfant. Son petit corps, perché sur un rocher
surplombant une falaise, ressemblait à celui d'un ange, une flèche
plantée sur terre. Ses yeux bleus azur, perdus dans le vague, ouvraient
la porte sur l'océan de ses rêves. Rousse, les cheveux longs et ondulés,
le visage constellé de tâches de rousseur, elle semblait chercher au
plus profond d'elle-même quelque chose qui paraissait l'embêter. La
fillette voulait mettre le doigt sur un sentiment qui la tracassait,
occupant toutes ses pensées, ne laissant pas la moindre place à d'autres
préoccupations futiles. La brise légère venue du sud remuait sa
crinière de feu, des mèches folles venant caresser sa délicate petite
frimousse. Et pourtant, des rides d’inquiétude venaient d'apparaitre sur
sa figure habituellement lisse. Tandis qu'elle fronçait les sourcils,
la peine s'invita dans son regard désormais trouble. La petite venait
apparemment de trouver ce qu'elle s'était escrimée de voir, et ça ne lui
plaisait pas tant que cela. Tournée vers l'horizon, elle chercha un
repaire, un signe quelconque qui lui dirait qu'elle avait raison, un
endroit où elle pourrait s'accrocher virtuellement, parce que ses repaires venaient de s'écrouler sous elle. La rousse venait de remettre le doigt sur son identité, et avec elle avait apparu ce que son cerveau avait en vain tenté de camoufler : le manque. Se penchant vers l'étendue d'eau
en dessous, croyant peut-être y avoir vu une ombre, elle plissa ses
jolies mirettes. Et soudain la fillette bascula dans le vide, le fragile
équilibre qu'elle avait venant d'être brisé par cette prise de risque
insensé. Effectuant un arc-de-cercle en l'air, ses traits déformés par
la peur, la minuscule personne qu'elle était essaya de se redresser,
d'agripper une racine, une branche, de l'herbe, n'importe quoi qui était
susceptible de freiner sa chute. Et puis finalement l'enfant accepta
l'idée de mourir. Rejoindre ses proches. Toute la scène s'était passée en moins de quelques
secondes, pourtant la résignation avait repeint ses tendres traits
innocents. Mais, à la place du bruit qui aurait du se faire entendre au
contact de son enveloppe charnelle contre l'eau, il n'y eut rien. Un
silence total. Et alors qu'elle même se pensait morte, l'ange de feu
remonta à toute allure vers le ciel, bravant les lois de la physique. Sa
course ne s'arrêta que lorsqu'elle eut atteint un nuage. Alors, se
perchant dessus comme sur sa falaise, la petite fille observa le monde. Puis elle pleura, de joie, de peur; traumatisée. Contre toute attente, elle avait survécu.
Et maintenant elle savait ce que ça faisait, d'être vivante. La chance
qu'on lui avait eu quand on lui avait donné la vie, l'enfant ce la représentait
mieux que quiconque à présent. Et tout ce qu'elle comprenait maintenant
était trop fort pour elle. Alors tout s'évacuait part ses yeux, les gouttes d'eau dégoulinant comme autant de milliers de diamants. Et, tel la petite fée qu'elle était, on lui confia une mission : protéger cette chance unique coûte que coûte, empêcher chaque personne de se briser sur ses émotions, la faire renaitre pour qu'elle puisse vivre vraiment. Depuis, elle voyage de nuage en nuage, arpentant le monde de ses yeux rieurs, tendant la main à qui lui demande; désormais princesse d'un royaume immense : la Terre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire