jeudi 4 décembre 2014

Jardin secret

On a tous un banc, un arbre ou une rue


<< https://www.youtube.com/watch?v=3ksDzlmoU8E >>

Les yeux dans le vague, tu observes un point fixe sans y penser. Ton esprit s'est ancré dans une autre dimension, celle qui t'appartient mais que lui seul peut atteindre, malgré tous tes efforts pour la partager avec les autres. Dans tes prunelles grises on peut apercevoir le reflet d'un petit jardin envahi d'herbes sauvages. Au fond, un banc, entouré d'arbres et d'un magnifique rosier qui escalade allègrement le mur de pierre fermant la propriété. Agenouillée par terre, devant un trou creusé de tout évidence à la main, il y a toi. Et une boite, abimée par le temps et pourtant si jolie, un peu grise, enfantine, la serrure en forme de cœur. Tu l'observes. On peut sentir la tension de ton corps en voyant tes épaules tendus, ton cou raidit par la concentration, tes mains légèrement tremblotantes quand elles s'avancent pour ouvrir le coffre avec une petite clé à la forme étrange, toute mignonne, toute petite, toute jolie. Et puis, soudain, brusquement, le coffret s'ouvre dans une explosion de plumes, quelques colombes s'envolent, tu les suis du regard, la bouche grande ouverte, les joues légèrement rosées, émerveillée. Enfin, des tas d'objets apparaissent. Quelques grigris, un ou deux sticks à lèvres, des bijoux, plein de lettres, des vieux carnets déchirés, bourrés à craquer, dont la couverture a un peu dépeint, aux couleurs d'un passé révolu. Tu te mords les joues, avance le bras, attrape délicatement la première enveloppe du tas, l'ouvres et vois une fillette tirant sur un paquet de bonbons, rigolant en dévoilant ses petites dents blanches tandis qu'un jeune garçon le tient avec trois doigts en se moquant gentiment, clamant sa force de géant ou plutôt, prouvant ce que le corps fin comme tout de la fille criait déjà. Un sourire se peint sur tes lèvres pendant qu'aussi prudemment que l'aurait fait un vendeur de poupées en porcelaine tu refermes le papier, le serres quelques instants contre toi et le reposes avant de fermer le trou, y plaçant à nouveau la malle avec des gestes religieux. Et puis tu te lèves, marches jusqu'à la porte, l’entrebâille, t'y glisses et la repousses comme si de rien n'était, dans un léger grincement si familier à tes oreilles. La nuit semble se faire dans cette petite zone aux allures irréelles.
Clignant des paupières, tu es revenue parmi nous.

+ J'ai écris mon texte avec cette chanson donc elle l'accompagne bien, les paroles n'ont par ailleurs aucun rapport avec ledit écrit, ne cherchez pas.

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