jeudi 18 décembre 2014

Perdue dans la foule

Du monde. Beaucoup de monde


<<https://www.youtube.com/watch?v=ZySIBsc6eTg>>

Des visages, partout autour de moi. Souriant ou moqueurs, rieurs, voir figés dans un rictus méchant. 
Je marche, paniquée, en cherche un que je pourrais reconnaitre. Pourquoi personne n'est-il ici ? La foule se resserre, bouge, tourbillonne autour de moi, pauvre petite cerise complètement paumée, et je sens ma respiration s’accélérer tandis que mon cœur part dans une galopade folle. La peau moite, les paumes collantes, je finis par appeler :
- Eh ? Il y a quelqu'un ?
Mais je ne reçois aucune réponse.
Les yeux me piquent, mes joues rosissent, virent au rouge pivoine. J'ai chaud. J'ai froid. J'ai peur et je frissonne, perdue dans un monde trop grand pour moi. Et puis soudain le cri sort de ma gorge sans que je ne l'ai senti partir, vibrant violemment en remontant dans ma gorge, avant de partir tel un orage qui éclate.
- Eh ! Vous êtes où ?!!
 Partant en courant, je bouscule sans m'excuser, trébuche et repars, tête baissée, fonçant dans le tas. La marée humaine semble s'être fait passer le mot pour ne pas me laisser passer et les larmes commencent à couler silencieusement, m'empêchant de voir alors que je m'enfonce un peu plus dans mon délire paranoïaque, égarant même mon sang-froid dans ma recherche désespérée qui semble vouée à l'échec. Soudain, une main saisit la mienne. Stoppée instantanément dans ma folie, je ne me préoccupes pas des autres lorsque je m'arrête net comme un automate dont on aurait trouvé le bouton pause. Et, sans même regarder en arrière, je m'accroche à ce petit bout d'homme comme à une bouée de sauvetage, comme si ma vie en dépendait, comme si ma raison s'échapperait si je le laissais partir. Sanglotant, je ne bouge plus, ou presque pas, tandis que mes épaules se secouent au rythme rapide de mes sanglots. L'autre, prenant peut-être ça pour une invitation, se rapproche, m'enserre de ses bras, soufflant dans mes cheveux un air tiède tout en me berçant légèrement. M'enserrant dans une boule protectrice à l'odeur si particulière. L'inconnu s'est démasqué dès que sa peau a touchée la mienne. Pourtant, des certitudes, je n'en ai aucune. Si ce n'était pas celui qu'il paraissait être ? Et si je rêvais ? Si ce n'était rien qu'un songe trompeur, encore ? Mais, me laissant aller à son étreinte douce comme un soir d'été, j'inspire et expire en tentant vainement de me calmer, sans avoir l'idée de me pincer pour vérifier la réalité des choses ou de le remercier, ou même de me retourner pour lui adresser un sourire bancal aux accents de sincérité.
Les secondes passent, nos âmes entrelacées, nos doigts joints gênent les passants, mais aucun de nous deux ne bouge. Et, lentement, ma respiration s'apaise.
- Je suis là, ok ?
Sa voix, rassurante, vient chatouiller mes oreilles et je prie.

Et si seulement c'était vrai, pour une fois ?

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