jeudi 25 juin 2015

Brevet de français : sujet d'imagination

Ses souvenirs ont redonné courage au narrateur : que décide-t-il de faire ? Racontez la suite du texte
Votre texte fera au moins deux pages (soit une cinquantaine de lignes)


    Perdu, seul, au milieu d'un désert immense aux couleurs de l'infini, je voyageais. Je voyageais dans mes souvenirs, redevenant l'enfant que j'étais jadis, oubliant pour un temps que ce qui m'entourait n'était rien d'autre que du sable. Je me ressourçais, retrouvant espoir par les songes.

    C'est alors que je réalisai que rester ici, à côté de mon avion inutilisable, à me lamenter sur mon sort en me demandant en vain comment je ferais, plus tard, pour me nourrir, ne servait à rien. Je n'avais pas faim pour le moment. Ni faim, ni soif. Alors pourquoi pleurer avant l'heure ? Pourquoi rester ici en attendant patiemment la mort ? Il fallait que je parte, que je marche, que j'abandonne ma dernière attache au monde civilisé pour me concentrer sur ma survie. Et c'est sur ces bonnes résolutions que je me mis en route.

    D'abord, l'euphorie d'avoir trouvé quelque chose à faire me fit presque gambader joyeusement sur la grève, tout animé que j'étais encore par les songes qui m'avaient habités. En sautillant parmi les graviers je repensais à maman et son joli sourire qui savait me consoler quand je tombais, à papa et sa voix rauque qui m'avait appris à faire du vélo et, plus tard, à me défendre (même si la meilleure solution est le dialogue), à Pedro, le caniche de mamie, et à tout ce qui avait fait mon enfance heureuse. Malheureusement, cette merveilleuse excitation ne dura pas et je me retrouvai seulement à marcher du même pas décidé que j'avais eu, plus tard, pour abattre les obstacles qui me gênaient en grandissant. Mes notes ne suivaient pas mes ambitions ? J'allais travailler plus dur. Je n'étais pas pris pour le métier de mes rêves ? Il me restait d'autres occasions à saisir. Et cette force qui avait animé ma vie ne me quittait pas, elle restait, perchée sur mon épaule droite, à me crier de persévérer. Alors, même si je ne savais plus quel jour il était ou encore depuis combien de temps j'étais là, je continuais à marcher. Je commençais à avoir faim, un peu, soif, beaucoup. Et soudain, miracle, dans mon champ de vision une petite oasis, avec toute l'eau dont j'avais besoin pour étancher ma soif, toute l'ombre qu'il me fallait pour avoir moins chaud, tout ce dont j'osais encore rêvé, les lèvres desséchées, le corps ployant sous la fatigue. Plongé dans mes souvenirs, ce coin de repos me ramenait aux endroits que j'avais connu, toujours pareils à eux-mêmes quoi qu'il arrivait, permettant de se reposer et redonnant espoir. Alors, alors, je courus parmi les dunes, trébuchant, tombant, rampant presque, vers ce lieu idyllique. Je ne réfléchissais plus, j'étais un animal guidé par son instinct de survie. Je résistais grâce à l'espoir. Ce jardin merveilleux, qui m'avait paru si proche, était en fait si loin. Mais je ne voulais pas l'avouer, je ne voulais pas l'admettre. Et l'espoir, ce beau espoir, était toujours là, et ma fougue, ma douce fougue, était à ses côtés dans la lutte.

    Il faut croire que le ciel, lui, n'était pas avec moi, car je courais sans le savoir après la plus amère des chimères. Et quand je m'écroulai pour la dernière fois aux portes de ce paradis, finalement terrassé par l'effort, l'oasis disparue et à sa place apparu mon avion délabré qui paraissait ainsi, au milieu de ce désert, le plus majestueux des rois.

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