mardi 27 octobre 2015

Le fou au regard sombre


L'homme attendait, adossé au mur. La tête baissée, un chapeau haut de forme posé sur ses cheveux hirsutes, son aura dégageait une impression de volonté froide et implacable qui suscitait dès le premier coup d’œil un malaise viscérale chez les passants. Enveloppé dans un long manteau noir qui cachait sa silhouette frêle, il ne laissait apparaître que sa main rugueuse parcourue de grosses veines d'un violet fané reposant sur une canne en bois à tête de serpent en guise de pommeau. Soudain, des pas légers sur le pavé humide attirèrent son attention et il releva la tête dans une lenteur exécrable pourtant bien calculée. Un rictus inquiétant se dessina sur son visage livide lorsqu'il vit l'origine de ces bruits. Sa figure émaciée maintenant à découvert rendait visible les deux puits sans fond qui lui servaient d'yeux et dans lesquels on apercevait une lueur sournoise, de la méchanceté à état pur. Aussi, l'enfant, en entrant dans cet univers malsain, s'arrêta, prit de peur. Le vieillard aux muscles noueux, lui, se décolla de son appui pour s'approcher dans un silence de mort. Le petit se rappela alors de la réputation de l'inconnu en frémissant. Partout, on disait qu'il était sombre, imprévisible, fou. On racontait que son esprit vicieux cherchait par tous les moyens à répandre la souffrance, que ce n'était qu'alors qu'il était satisfait de sa journée. Horrifié par ses souvenirs, le marmot n'y tint plus et s'enfuit à toutes jambes, laissant cette vision cauchemardesque derrière lui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire